Exposition
Marie Boyer
Lauréate des Chantiers-Résidence, dispositif porté par Passerelle et Documents d’artistes Bretagne, Marie Boyer (1997) expose une série d’œuvres inédites réalisées à Passerelle. Diplômée de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne – site de Quimper, l’artiste développe au centre d’art un jardin étonnant et joyeux où la peinture se mêle à la botanique et à l’esthétique japonaise des mangas.
« Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir » déclarait Henri Matisse. Cette citation cheesy – un peu kitsch – pourrait décorer une boîte de chocolat ou orner le fronton d’une jardinerie ; pourtant elle amène à des réflexions bien plus profondes qu’elle ne le semble sur le rôle de l’art et de la présence de la joie dans nos vies. Cette phrase dite par un si célèbre peintre raconte beaucoup de la pratique de Marie Boyer. Elle voit les fleurs comme des « êtres vivants destinés à être peint », comme une sorte de motif idéal et parfait. Cet amour de la flore lui vient pour part de sa famille d’un côté originaire de l’île de la Réunion où les plantes foisonnent inconsidérément et d’un autre côté de l’un de ses grands-pères qui était passionné de composition florale. Ce dernier les documentait en les photographiant et les classant soigneusement dans des classeurs que l’artiste a observés attentivement.
Marie Boyer regarde avidement l’histoire de la peinture, sachant pertinemment que les fleurs sont un sujet et une iconographie particulière qui ont été largement représentées par ses pairs. Comprendre l’histoire de l’art lui permet de comprendre sa propre pratique d’artiste. Elle observe les peintres de la Renaissance, voue une passion à Jean Siméon Chardin (1699-1779) et à Diego Velázquez (1599-1660) tout en appréciant des œuvres plus modernes et contemporaines depuis Georgia O’Keeffe (1887-1986) – peintre américaine solitaire, inclassable, qui la fascine tant pour son art que pour ses choix de vies – au duo Ida Tursic & Wilfried Mille (1974) qui sonde les profondeurs anonymes d’internet. Marie Boyer s’intéresse à ce qui différencie « la bonne peinture » de la croûte : est-ce une question de technique, de positionnement ou encore de statut ? Elle s’astreint à changer régulièrement de style, parfois entre chaque peinture, parfois après une série ; il s’agit d’un besoin qui nourrit sa pratique. À Passerelle, elle fait le choix de transposer la planéité de la toile dans l’espace, transformant les peintures traditionnelles en sculpture étonnantes. Les salles d’expositions deviennent jardin exubérant. Les fleurs sont comme des personnages dans lesquels le public peut projeter ses propres envies, ses désirs et ses expériences. Lorsque Marie Boyer représente des corps, ceux-ci servent de support à ses motifs végétaux. Certaines des fleurs présentées reprennent des bribes d’animés issus de la culture manga japonaise tels que Sailor Moon et Cat’s Eyes. Marie Boyer expliquait récemment que « la peinture est une magie joyeuse qui permet de trouver des solutions infinies pour représenter le monde ». Cette phrase s’avère aussi cheesy et sérieuse que celle de Matisse et dévoile la conception de l’artiste : la peinture est avant tout une question de plaisir !
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