Exposition
Cette exposition évoque les transmissions familiales, selon le prisme des expériences humaines, vécues au sein d’histoires singulières. La transmission, dans sa fragilité, y est entendue au sens de ce qu’elle anime des situations sensibles et riches en émotions.
Quel est ce lien, parfois si ténu, qui relie les familles d’une génération à une autre ?
Les modèles conventionnels qui définissent la filiation et la transmission reposent sur des conceptions linéaires, rigides, hiérarchiques, rationnelles, voire comptables.
Or, la transmission semble indéfinissable, immatérielle. Elle se construit avec d’immenses mystères et d’incroyables familiarités, de manière diffuse, implicite et affective, au quotidien, silencieusement, par imprégnation.
À partir des coutumes, des savoir-faire, des croyances, des gestes et petits rituels, des mimétismes, les familles (ré)inventent au fil des générations des traditions, des expressions. Se mêlent aux récits transmis des éléments culturels et sociaux, qui participent à la construction de mémoires collectives. Les mémoires individuelles et sensibles sont à-même de percevoir les petites réalités des constellations anthropologiques et de créer ainsi des situations ouvertes.
« Chaque nouvelle génération […] est penchée sur celle qui la suivra. […] Se dessine une tresse, où les lignes continuent à s’enchevêtrer à mesure que la vie suit son cours. »* Il s’agit d’influences plutôt que de liens. Les identités se recomposent en glissant les unes sur les autres.
Mais qu’est-ce qui se passe et qui passe d’une génération à l’autre ? Qu’est-ce que nous gardons et retenons, qui nous revient en mémoire, de nostalgie en tendresse ? Pas seulement des paroles et des images, mais aussi des manières d’être, des habitudes de gestes, des objets, des vitesses de paroles, des accents, un mélange de préférences et de hasards, des goûts, une couleur, un parfum… En fouillant les archives familiales, nous sommes surpris d’une ressemblance, nous sommes émus des absences, nous recréons des attachements.
méandres présente dans cette exposition des artistes qui témoignent du potentiel poétique des transmissions familiales selon des approches à la fois intimes et universelles.
Ces artistes laissent place à l’imaginaire de chacun pour réactiver des morceaux d’une histoire projetée ou vécue.
Elles instaurent un dialogue entre le délitement du souvenir et sa recomposition, son renouvellement.
* Tim Ingold, Une brève histoire des lignes, 2011
visuel : Célia Muller, ààngst #4
Carolle Bénitah : avec l’aimable autorisation de la Galerie Clémentine de la Féronnière (Paris)
Lise Dua a été accueillie en résidence par les éditions isabelle sauvage (Plounéour-Ménez, 2022)
Emma Seferian a bénéficié de l’aide aux jeunes artistes plasticiens de la région Bretagne (2023)
merci à António Lobo Antunes pour Au bord des fleuves qui vont
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en écho à l’exposition :
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